samedi 26 mai 2007

LETTRE OUVERTE A MADAME ROSELYNE BACHELOT

Madame le ministre de la santé,
Praticien hospitalier en psychiatrie publique et candidat aux élections législatives en Seine-Maritime, il est de mon devoir de vous faire part de mes multiples craintes et questionnements concernant l’avenir de la psychiatrie publique, partagés par la population et nombre de collègues.
Le secteur de psychiatrie adulte, comme vous le savez, est fondé sur la circulaire de 1960, qui contient toute la philosophie de cet éminente réalisation : « Mettre à la disposition d’une communauté géo démographique un service public de protection mentale », « refuser la ségrégation du malade mental », « il implique de la part de l’équipe soignante une volonté d’intégration, de maintien ou de réintégration du patient dans son milieu familial et social », « la continuité des soins, la responsabilité de la même équipe soignante dans toutes les phases de l’itinéraire thérapeutique.

Ses objectifs sont évidemment toujours d’actualité : « Traiter à un stade précoce, séparer le moins possible le malade de sa famille et de son milieu, assurer une post-cure évitant les hospitalisations multiples »

Au fil des années, des précisions portant sur les moyens institutionnels, thérapeutiques et les modalités d’applications sont venues préciser ces axes fondamentaux. Des générations de soignants se sont impliqués dans la construction d’un outil de soins unique au monde et qui traite actuellement plus d’un million de personnes, dont plusieurs centaines de milliers de schizophrènes.

Malheureusement des disparités manifestes existent dans la répartition de ces moyens, tant dans la répartition des lits d’hospitalisation que dans la répartition sur le territoire des médecins psychiatres.
Je propose de créer une carte sanitaire opposable concernant les nominations et installations de praticiens de façon à rétablir l’égalité d’accès aux soins pour tous les citoyens. Je propose également de créer un engagement de service public pour tous les étudiants en médecine, en étudiant les contreparties. Nous pourrions ainsi faire face à la chute prévue de la démographie médicale.
La fermeture anarchique de lits d’hospitalisation fait que trop souvent les hospitalisations sont écourtées par contrainte économique, avec les conséquences dramatiques que l’on peut imaginer et sa stigmatisation médiatique basée sur la dangerosité voire le sensationnel : la société de la peur a succédé à celle du bon sens. Les gouvernants successifs ont oscillé entre le compassionnel et le répressif, et ce que nous avons pu entendre ces derniers mois, tendant à faire porter sur l’hérédité et la génétique des maladies qui pour la plupart sont de toute autre origine, ouvrent la porte à une vision eugéniste qui m’est insupportable. Au nom de la sécurité et de la peur, c’est le répressif et la contrainte qui se substitueraient aux soins.
Par ailleurs, la vision anglo-saxonne qui s’attache plus au diagnostic qu’aux soins dans la durée (retour au 19ème siècle), mêlée d’une propension à privilégier le biologique et le pharmaceutique sous la pression des laboratoires, au détriment de la psychiatrie sociale et psychothérapeutique, amène à ce que de moins en moins de patients sont suivis dans la durée.

J’avais déjà alerté un de vos prédécesseurs, Philippe Douste-Blazy, quant aux situations à risque, y compris pour nos propres personnes, où nous mettaient les carences en personnel, en moyens de soins et de stabilisation sociale des patients, et parfois le peu de respect ou de considération dont notre travail était l’objet. Il avait d’ailleurs eu l’amabilité de me répondre.
Une démarche intéressante dans le sens d’alternatives ambulatoires à l’hospitalisation sous contrainte, parallèlement à une réflexion portant sur la mise en place dans les hôpitaux d’une période d’observation de 72 heures précédant l’établissement d’une hospitalisation sous contrainte avait été ouverte. Je crois que le temps est venu de réactualiser ces sujets qui touchent à la fois au domaine des urgences, de la prévention, et du suivi des patients atteints de troubles psychiques.

Veuillez accepter, Madame le Ministre, l’expression de mon dévouement Républicain,
Yves TEXIER

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Monsieur TEXIER, avant d'être candidat il serait de bon ton de connaitre la circonscription dans laquelle vous voulez vous présente. Ainsi, parler des législatives 2007 au Havre alors qu'aucun des cantons du Havre ne fait partie de la 9ème et que cette circonscription est majoritairement rurale, c'est au mieux une imprécision fâcheuse et au pire une erreur grossière...

Anonyme a dit…

Réponse à Mr Leprévost:
Vous n'avez pas lu avec attention le blog de Mr Texier, car la réponse à votre interrogation y figure: il s'agit de la 9ème circonscription de Seine Maritime. De plus, vous auriez pu prendre connaissance des différentes dates et lieux de rendez-vous que le candidat fixent aux électeurs pour le rencontrer.
Ou bien il s'agit d'une attaque gratuite marquée du sceau de la mauvaise foi, ou bien vous reprochez à Mr Texier d'être candiddat mais alors il faut être plus clair et plus franc.

Anonyme a dit…

Je ne me pose aucune interrogation : pour ma part, je connais ma circonscription. Je parlais de la mention suivante "Législatives 2007 au Havre, 9ème circonscription" qui apparait sous la photo de M. TEXIER sur la page d'accueil. Effectivement, ma phrase n'était pas claire sur ce point

yves Texier a dit…

Merci de votre remarque portant sur la lisibilité
Je tiens compte de l'Arrondissement du Havre, et la 9ème est une circonscription rurale et urbaine, aux liens privilégiés avec Le Havre